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Mais pourquoi le « patient-expert » ?

Bon. Je risque de faire un paquet de pas contents avec ce billet. D’habitude c’est vrai que je me contente de raconter des histoires drôles, et je n’aime pas trop prendre parti, m’insurger contre des pratiques X ou Y. Mais j’ai quand même un organe qui s’appelle le cerveau et j’essaye de réfléchir quand je ne comprends pas quelque chose. Et là, je ne comprends pas.

C’est quoi en fait ce concept récent de « patient-expert » ? C’est un patient qui sait beaucoup de choses a priori. Et alors ? Il faut le traiter autrement ? Je ne crois pas. Du coup pourquoi il a besoin d’un nom spécial ? Pour le distinguer des autres ? Il y a les « experts » et les « non-experts » ? Les « cérébrés » et les « non-cérébrés » ? (c’est une copine médecin qui m’avait appris ces mots)

Moi je suis pour que tous les patients soient experts, s’informent, lisent ; ça ne peut que faire avancer le schmilblick. En fait, de façon générale, je suis pour la diffusion du savoir.

Mais ce qui m’afflige au plus haut point, et qui en choque plus d’un, (vous pouvez faire le test dans votre entourage, ça marche mieux avec les non-malades) c’est que pour avoir le « titre » de patient-expert, il faut VALIDER UN DIPLÔME. Allô quoi ?! Merci Nabila. Là je diagnostique une grosse diplômite généralisée… Je me permets de le dire aussi parce que je connais un peu la maladie de la grosse diplômite parce que je suis même atteinte de diplômite (donc bac+8) et je pense que ce n’est pas bien comme maladie.

Bon et puis, c’est quoi les stat’ d’embauche à la sortie du diplôme ? Parce que un diplôme, en principe, c’est pour un travail, en principe… Ce n’est pas comme si tout les hôpitaux et cliniques de France et de Navarre embauchaient à tour de bras des « patients-experts ». C’est vrai que ce serait bien. Il y aurait le métier à la sortie, évidemment proposé aux yeux de tous sous forme d’offres d’emploi, et pas des petites magouilles de copinage entre assos ou autres, et par conséquent il y aurait la formation correspondante. Là OK. Mais ça, c’est le monde des Bisounours.

Alors c’est vrai qu’être malade chronique c’est souvent comme un vrai travail tellement ça prend du temps ; c’est vrai qu’il y a une vraie compétence qui est acquise. Et avec le temps cette compétence elle pourrait être en effet « professionnelle » si elle était échangée contre de l’argent. Exemple : quand moi, malade depuis 10 ans, je sais que pour joindre Marie-Christine au téléphone, la secrétaire du Docteur D du CHU, il va me falloir une matinée entière, il va falloir jouer de mille subterfuges, comme appeler la voisine de Marie-Christine pour savoir si celle-ci est partie faire pipi, c’est une compétence évidente que le nouveau malade tout naïf n’a pas. Mais cette compétence, elle s’impose d’elle-même, elle n’a pas besoin d’être « validée ».

En plus, ça pose un problème au sein même des malades. Ça induit une hiérarchisation. Moi par exemple, pas patiente-experte diplômée, ou patiente pas experte pas diplômée, va savoir, j’ai déjà voulu aider, humblement, avec toute ma grande expérience, et on m’a déjà dit : « Ah salut, tu veux être bénévole ? T’es patiente-experte ? Ah ben non désolée, ça ne va pas être possible, nous on ne prend que des experts ». Pfiouuuu. Même pour du bénévolat = du travail gratuit, il faut un diplôme.

Donc voilà. Vous êtes malade. Bienvenue dans ce nouveau monde. Mais vous voulez vraiment avoir la légitimité ? Auprès des soignants ? Auprès du médecin ? Auprès des institutions ? Auprès de la société ? Auprès des autres malades ? Alors payez pour un diplôme. Cher. Tant pis si vos finances s’amenuisent déjà avec les AT (=Arrêts de Travail). En dépit de la fatigue de la maladie, venez vous asseoir sur une chaise pendant 100 heures. Et rédigez un mémoire. Et passez des examens.

Bref. Vous êtes malades ? Alors prouvez-le !

PS : j’ai lu pas mal de choses sur le sujet, et entre autres je suis tombée sur cette très juste interview de Cynthia Fleury, qui a une chaire de philosophie à l’Hôpital Hôtel-Dieu à Paris (pour les non-universitaires qui savent pas ce qu’est une chaire, c’est un peu comme un chaise, un bureau quoi). Il y a juste la partie sur le patient-expert qui me semble une aberration, à moi comme à la journaliste Sylvie Logean d’ailleurs.

PPS : sinon, pour une vision plus modérée du sujet, et non moins intéressante, sur le blog de Catherine Cerisey, un article ici.

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Pour qui le bloc ?

Bon. Personne n’a jamais trop envie d’aller au bloc. « Le bloc » c’est le bloc opératoire. Il y a pas mal de trucs de bloc qui peuvent être faits en ambu (=ambulatoire = vous ne dormez pas à l’hôpital). Mais même en ambu, souvent on vous donne une chambre, pour l’avant bloc et l’après bloc. Histoire de se désaper et de revêtir la blouse fleurie tranquille, oklm.

Pourquoi il y a souvent des petits motifs sur les blouses des patients ? Et pourquoi la couleur de base c’est toujours le bleu ?
Bon passons ces questions trop compliquées.

Mon père m’avait accompagnée ce jour-là. Mon père est plus âgé que moi ; je préfère jouer la franchise avec vous.
Et tout le monde sait que ce sont les vieux qui sont malades, et les jeunes qui sont en bonne santé, n’est-ce-pas ?

Alors on attendait tous les deux dans la chambre avant que j’aille au bloc. Je repoussais le moment de la blouse, parce qu’après on a froid, et on est moche. Et j’aime être jeune et belle. Et en bonne santé.

Donc on rigolait habillés en gens normaux dans la chambre, seuls. Soudain, une blouse blanche a déboulé, et nous a vus là, à oser s’amuser, dans une chambre d’hôpital. Vous n’imaginez pas la rouste qu’a prise mon père :

« Monsieur, pourquoi vous n’êtes toujours pas en blouse ? Tout le monde vous attend ! Vous allez retarder le planning, vous ne vous rendez pas compte ! »

Et bim ! Mon père gêné. Puis la bouse blanche gênée. Moi pas gênée.

La blouse blanche a eu un moment de lucidité : « C’est bien pour vous, Monsieur ? »

Et moi : « Oui c’est pour lui. »

Et mon père commençant à paniquer, me montrant du doigt : « Non c’est pour elle. »

Bon. Je suis devenue sage. Fallait bien accepter.
J’ai enfilé la blouse bleue, et j’ai suivi la blouse blanche, peu fière de s’être ainsi fait berner.

PS : pour les lecteurs qui lisent un peu l’anglais, un article récent du New York Times sur une Ecole de Design travaillant le style de la blouse du patient !

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Être sur et être sous

Bon. Je ne sais pas si vous avez remarqué.

C’est devenu une mode, ces vingt dernières années, d’être « sur » Paris, « sur » Lyon, « sur » Brive-la-Gaillarde. Je me dis que les gens aiment s’asseoir sur la ville qu’ils veulent, appuyer bien fort les pieds et les fesses, se coucher dessus même, pour peser plus lourd. Bref, j’y vois là des pulsions de domination, voire même de…colonisation ?

A l’inverse, je crois que ça a toujours été une mode, d’être « sous » médicament. Être « sous » pilule, être « sous » biothérapie, être « sous » Doliprane.

« Je sors du MG (= médecin généraliste), il m’a mise sous Ibuprofene ».

Pourquoi ce « sous »?

Est-ce qu’on subit le médecin, le médicament, le choix thérapeutique, la maladie ?
Est-ce qu’on est « sous » tout ça ?
Je ne le crois pas. On ne devrait pas.

Mais je suis tellement saoul que c’est à n’en être plus sûr.
Pansons nos maux, et pensons nos mots.

PS : Vous remarquerez que, pour les besoins de cette réflexion, je suis devenue un homme. Je suis passée « sur » l’homme, pas « sous » l’homme.

PPS : une réflexion sur la percée du « sur » dans la langue française : ici.

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Il neige dans mon corps

Bon. Il neige dans mon corps
Comme il neige sur la ville ;
Quel est ce confort
Qui pénètre mon corps ?

Ô silence doux de la neige
Sur les chaises et sur les tables !
Pour un corps qui s’ennuie,
Ô le chant de la maladie !

Il neige sans raison
Dans ce corps qui s’endort.
Quoi ! Que de trahison.
Ce deuil est sans saison.

C’est bien une belle scène
De ne savoir pourquoi
Avec amour et sans haine
Mon corps a tant de peine !

Manon Verlaine

PS : le vrai poème ici

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Le blog est Prescrit

Bon, ça y est, aujourd’hui, le blog est Prescrit. Un article a été repris dans la Grande Revue Prescrire des Docteurs.

C’est marrant tout ça. J’ai commencé l’affaire (=le blog) avec un petit goût amer. Je voulais rire néanmoins. Il paraît que l’humour surtout le noir, ça sauve du désespoir.

Je me sens souvent vivre comme dans la cage du Dernier jour d’un condamné de Victor Hugo ou pire, celle du Mur de Jean-Paul Sartre. Tu souffres. Personne ne t’écoute. Attends ton heure, ne t’inquiète pas.

Ne t’inquiète pas. Combien de fois on m’a dit ça. Vous avez remarqué à quel point c’est inefficace de dire à quelqu’un d’inquiet de ne pas s’inquiéter, à quelqu’un en colère de ne pas être en colère, à quelqu’un de triste de ne pas être triste ?

Alors, j’ai voulu prescrire, le rire.

Moi la patiente sans ordonnancier. Et ça a marché. Un petit gars sympa de la grande revue Prescrire m’a contactée. Il m’a dit qu’il avait bien aimé « Le rendu du compte rendu », et qu’il le voulait, pour sa revue. Bon sang, le blog allait être prescrit. Le petit gars m’a précisé son gros chiffre : 27 000 abonnés allaient en profiter.

C’est drôle, justement, parce que environ personne n’avait spécialement aimé cet article. Comme j’ai beaucoup de lecteurs malades, je me suis donc dit que ce qu’aimaient les malades, ce n’était pas ce qu’aimaient les Docteurs, et inversement. Je me suis dit que c’était dommage.

Je me suis dit que le rêve un jour, ce serait que soignés ET soignants regardent enfin dans la même direction.
Celle de mon blog, évidemment.

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Le Bon Usage (de la balance en médecine)

Bon. Ceux qui ont suivi ont déjà compris, ma Bible (on reste un peu dans le champ lexical religieux) c’est : Le Bon Usage (de la langue française) de Maurice Grevisse. C’est un petit guide. C’est bien les guides. Ça aide un peu.

Il y a plein de choses qui aident (les Docteurs) à mesurer ce qui ce passe dans la vie (du malade). Et parmi ces choses : le poids. En fait, si l’on est rigoureux et que l’on se remémore la bonne vieille loi universelle de Newton, ce n’est pas « le poids » c’est « la masse », que l’on mesure en kilogrammes au moyen d’une balance. Qui rapporte donc un nombre.

J’entends souvent le raisonnement suivant :

Le Docteur : « Poids de forme ? »
Le Patient : « 53 »
Le Docteur : « Montez sur la balance »
Le Patient : « X »

Puis 2 cas se présentent,
si X < 53, le Docteur : « Oh là là, mais ça ne va pas du tout. »
si X > 53, le Docteur : « Oh, mais ça va très bien alors. »

Comment faire presque aussi simple… mais un peu plus rigoureux… il suffit d’accepter quelques règles de base de logique :
« Maigre » n’est pas équivalent à « malade ».
« Gros » n’est pas équivalent à « bien portant ».

Je viens de balancer un gros pavé dans la mare là.

Eh oui ! Finie l’époque du Roi Soleil où « gras » était équivalent à « bonne santé ». Il y a des lois qui ne sont pas universelles comme celles de Newton. Depuis les peintures de Charles Le Brun, des Grands Chercheurs ont trouvé que :
« Maigre » peut impliquer « malade » mais « malade » n’implique pas forcément « maigre ».
« Gros » peut impliquer « malade » mais « malade » n’implique pas forcément « gros ».

En fait, ça dépend.

Et donc, il convient de ne pas donner de valeur excessive à la masse. De savoir contrebalancer le poids.

C’est bien les guides, ça aide un peu.

PS : On pense que le Roi Soleil avait une maladie digestive, donc aussi, maladie du poids.

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« La bonne baise » expliqué

Bon. J’ai eu plein de questions à propos du post « La bonne baise ». Plein de gens qui m’ont dit « oh mais c’est hot », ou « oh mais t’es chaude », ou plus intelligent « ça montre bien que le patient n’est pas qu’un numéro, mais un être sexué ». Alors…non. Ou bien oui, mais pas que.

J’avais essayé de dissimuler mon message au moyen de l’image de la relation sexuelle consentie de type « one shot » avec un autre qui ne vous rappelle jamais. Mais le message est mal passé. Et un message qui passe mal, c’est un message mal énoncé. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément ». J’aime cette petite maxime de Nicolas Boileau. C’était au 18ème siècle dans son Art Poétique, et c’est toujours vrai maintenant. Et en effet, tout le monde n’a pas vécu « la bonne baise », et c’est tant mieux. Donc pour des références, je vous suggère le basique « Sex in the city ». Quelques épisodes suffiront, voire même le résumé Wikipedia. C’était donc une métaphore le sexe, un piège, et c’est vrai que c’était facile de tomber dedans. En fait, une partie de moi n’a pas voulu prendre de risque.

Mais finalement, une fois n’est pas coutume, je vais vous faire la petite explication de texte. Et prendre des risques. Après tout, on ne lit pas Kant sans le Profil (de chez Hatier) à côté non ? Sinon on ne s’en sort pas. Hum moui, moui, je m’auto-flatte, je me prends pour Kant, peut-être même pour Dieu.

Voilà de quoi parlait mon article. Du syndrome de Dieu. Un syndrome c’est par définition, un ensemble de symptômes. C’est donc une pathologie que j’ai mise en évidence chez le professionnel de santé, notamment le médecin, en général expérimenté, et allez savoir pourquoi, chez l’homme, et non la femme. J’ai identifié jusqu’à maintenant 3 cas, et comme en médecine, parfois on ne fait un article que pour 1 cas, je me dis que 3, c’est une statistique suffisante pour publier une maladie désormais établie : le syndrome de Dieu. Qu’on appellera probablement un jour, le syndrome de Manon, puisque souvent on donne leurs noms aux maladies à ceux qui les ont mises en évidence, n’est-ce-pas. Hum moui, moui.

Je vous explique dans quelles circonstances vous pouvez rencontrer un médecin atteint de ce syndrome. Vous avez une maladie. Un peu n’importe laquelle. Un truc un peu chronique, plus grave qu’un rhume, moins grave qu’un cancer. Un truc un peu chiant, sur lequel les connaissances avancent un peu, sur lequel la Big Pharma se fait des sous-sous, sur lequel les médecins fougueux tentent disons une petite dizaine de molécules, dans un ordre plus ou moins défini, selon ce qui s’est dit dans les derniers congrès nationaux, européens, mondiaux, hum, moui, moui, mondiaux. Ah, excusez-moi, j’ai encore un petit four coincé dans la gorge.

Donc vous avez une maladie, et vous avez votre première consultation avec le Grand Professeur, recommandé par tout le gratin parisien, national, européen, mondial, hum, moui, moui. C’est ça « la bonne baise ». C’est la consultation. Vous êtes content de cette consultation parce que le Grand Professeur vous explique qu’il va vous sauver, qu’il ne faut plus s’inquiéter maintenant, qu’on va se voir tous les trois mois, et qu’on finira par trouver la bonne des 10 molécules de la Big Pharma au congrès, qui vous remettra sur pied. Vous sortez refait de la consultation.

Mais tout se gâte après. D’où vous êtes « la bonne poire du bon coup », je vous renvoie au texte originel. Le syndrome de Dieu vous l’avez compris, ça consiste à se prendre pour Dieu, une fois, pas deux. A dire des choses, à ne pas les faire. Parce qu’en fait votre maladie est compliquée, les patients ne vont jamais bien, même les 10 molécules parfois ne marchent pas. Alors Dieu est fatigué, et ne veut plus s’intéresser aux patients qu’il ne peut pas ressusciter. Dès la deuxième ou la troisième consultation, tout vexé comme un pou que sa baguette magique n’ait pas marché, le syndromé vous dit : « Bon ben de toute façon, je ne peux rien faire, y a rien qui marchera ». Et bim. Vous comprenez maintenant ou pas ? La bonne poire ? Le sentiment de s’être bien fait avoir ? D’avoir cru rencontrer Dieu et se rendre compte qu’en fait non, pas encore ?

Donc vous vous sentez usurpé. « Baisé » quoi. C’est comme ça qu’on m’a appris à l’école à verbaliser ce sentiment moi.

Du coup, dans « La bonne baise », je n’ai pas dit comment ça se terminait. Parce que dans la vraie vie, vous ne retournez pas en principe voir quelqu’un qui vous a profondément déçu. Mais dans la vraie vie du malade, vous espérez toujours un peu guérir, alors vous vous acharnez, et vous retournez en consultation avec Dieu. Et Dieu vraiment fatigué, finit par statuer, magnanime : « Voyez bien le psychiatre ».

Eh oui, le psychiatre.
Parce que quand Dieu se lasse, et que vous avez envie de vous envoyer vous-même au paradis, avant, il y a quand même un petit passage, par la psychiatrie.

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L’amitié avec le praticien ?

Bon. Après le post sur l’amitié avec le pharmacien, voici l’amitié avec le praticien. Avec un point d’interrogation cette fois. On est tous des êtres humains. Enfin moi, et vous, qui lisez, forcément. Et les praticiens aussi.

Une fois ma kiné de la vessie (telle une grande athlète j’ai un kiné par muscle) m’a dit : «Cette patiente, je la vois trois fois par semaine, alors c’est devenu une amie ». Bien. Moi aussi je claque la bise au kiné du dos, il m’appelle « ma fille », il m’écrit des SMS quand je suis en hospit’, on va au café ensemble. Je reparlerai de cette très belle relation avec le kiné. Et je dirais que pour le kiné, c’est environ OK.

Maintenant le médecin. On voit le médecin moins souvent que le kiné. Donc on a moins de chances de devenir amis. Mais voilà, le médecin il a un rôle plus décisif. Il diagnostique, il se trompe, il réussit, bref, pas facile toute cette responsabilité. Le temps passe, on vit des trucs plus ou moins intenses, parfois c’est très fort, parfois on sait pas quoi se dire en consult’, alors chacun raconte ses vacances. On s’amuse tellement, qu’au bout d’un moment, ça ne ressemble plus du tout à une consultation. Ça ressemble à un bon coup au bar avec éventuellement un petit tube dans le cul en plus. Ça en devient bizarre.

Je suppose qu’on gagne toujours à bien s’entendre avec les gens. Mais le problème, c’est qu’on est tous des êtres humains.

Est-ce que la relation n’est pas allée trop loin quand je n’ose plus dire au médecin que je ne vais pas bien ?
Lui qui me considère comme son amie et qui donc forcément veut que j’aille bien.
Lui qui ne sait pas, ne peut pas, cacher son regard désespéré, quand je ne vais pas bien.
Moi qui veut protéger mon ami en cessant de lui dire que je ne vais pas bien.

Est-ce qu’à ce moment-là, on n’est pas allé trop loin ?

PS : Le « petit tube dans le cul » s’appelle en fait un « rectoscope »

PPS : Une vidéo de l’excellent médecin Baptiste Beaulieu interrogé par Le Magazine de la Santé, qui « ose dire » qu’un médecin peut être un ami : ici

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La bonne baise

Edit : suite aux questions de certains lecteurs, je précise avant la lecture :
– rien à voir avec « balance ton porc », avec « balance ton hosto »
– aucun fait illégal, aucune relation sexuelle, en fait
A lire entre les lignes…

Bon. On a tous connu un bon moment, avec un bon coup. Genre le plus beau gosse de la classe, la plus bonne meuf de l’Université, bref le plus ce qu’on veut. Et dont on garde un goût amer.

C’était un doux jour de rendez-vous.
Il y avait un doux petit Zouk love en musique de fond à l’hôpital, ça donnait la fièvre.
J’étais doucement éméchée.
Je voyais Don Juan.
Celui que tout le monde veut. Celui dont tout le monde parle. Celui qui pourrait se prendre pour Dieu.

Après de courts préliminaires, on est passé très vite aux choses sérieuses. Il répondait en même temps à mille coups de téléphone, satisfaisant tout le monde. Sa langue était agile.
Et chacun de nous deux a fini par avoir sa part du gâteau.
Pour ma part, effectivement, c’était un bon coup.
Je comprenais ce que rapportaient les autres.

Il a fallu néanmoins se quitter. Le bon coup avait un agenda bien chargé. Des gens qui voulaient, eux aussi, bien baiser.

Il y a toujours le moment gênant où on se demande du regard si on va se revoir.
Le bon coup a senti ma détresse, et a pris les devants, feignant un clin d’œil, bien davantage hardi que fainéant, justement. Oh d’Artagnan.
Il m’a dit : « Poupée, voilà mon numéro, appelle-moi, je m’occupe très vite de toi. »
Je me suis sentie spéciale. Il m’a promis de nouvelles positions, de nouvelles perspectives de plaisir. Il a griffonné sur un bout de papier son 06. Il écrivait avec style. Comme on chorégraphierait parfaitement un Zouk love. Il avait le bras long mais la main légère, le doigté était parfait.
J’avais envie qu’il s’occupe de moi encore.

J’ai rappelé le bon coup.
Le bon coup lui,
ne m’a jamais rappelée.
J’avais été la bonne poire,
du bon coup.

PS : j’ai failli mettre un moins de 18 ans à cet article, puis je me suis dit qu’on pouvait surement trouver des bon coups aussi en pédiatrie.
Donc mieux vaut prévenir que guérir, hein !Edit : suite aux questions de certains lecteurs, je précise avant la lecture :
– rien à voir avec « balance ton porc », avec « balance ton hosto »
– aucun fait illégal, aucune relation sexuelle, en fait
A lire entre les lignes…

Bon. On a tous connu un bon moment, avec un bon coup. Genre le plus beau gosse de la classe, la plus bonne meuf de l’Université, bref le plus ce qu’on veut. Et dont on garde un goût amer.

C’était un doux jour de rendez-vous.
Il y avait un doux petit Zouk love en musique de fond à l’hôpital, ça donnait la fièvre.
J’étais doucement éméchée.
Je voyais Don Juan.
Celui que tout le monde veut. Celui dont tout le monde parle. Celui qui pourrait se prendre pour Dieu.

Après de courts préliminaires, on est passé très vite aux choses sérieuses. Il répondait en même temps à mille coups de téléphone, satisfaisant tout le monde. Sa langue était agile.
Et chacun de nous deux a fini par avoir sa part du gâteau.
Pour ma part, effectivement, c’était un bon coup.
Je comprenais ce que rapportaient les autres.

Il a fallu néanmoins se quitter. Le bon coup avait un agenda bien chargé. Des gens qui voulaient, eux aussi, bien baiser.

Il y a toujours le moment gênant où on se demande du regard si on va se revoir.
Le bon coup a senti ma détresse, et a pris les devants, feignant un clin d’œil, bien davantage hardi que fainéant, justement. Oh d’Artagnan.
Il m’a dit : « Poupée, voilà mon numéro, appelle-moi, je m’occupe très vite de toi. »
Je me suis sentie spéciale. Il m’a promis de nouvelles positions, de nouvelles perspectives de plaisir. Il a griffonné sur un bout de papier son 06. Il écrivait avec style. Comme on chorégraphierait parfaitement un Zouk love. Il avait le bras long mais la main légère, le doigté était parfait.
J’avais envie qu’il s’occupe de moi encore.

J’ai rappelé le bon coup.
Le bon coup lui,
ne m’a jamais rappelée.
J’avais été la bonne poire,
du bon coup.

PS : j’ai failli mettre un moins de 18 ans à cet article, puis je me suis dit qu’on pouvait surement trouver des bon coups aussi en pédiatrie.
Donc mieux vaut prévenir que guérir, hein !

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Y a des pubs sur le blog

Bon. Je suis désolée. Je confesse. La société de consommation, Frédéric Beigbeder, 99 francs, l’argent qui coule à flots dans les coupes de champagnes des publicitaires, tout ça, j’aime pas. Les grosses pubs intempestives sur les sites internet pour la nouvelle Volkswagen, pour les écoles de naturopathie, pour le lubrifiant naturel, tout ça, j’aime pas. Le lubrifiant naturel, c’est si on a cherché « lubrifiant naturel » auparavant sur Google hein, y a pas de fumée sans feu !

J’ai mis des pubs sur le blog.

Pour voir si ça pouvait me rapporter un peu d’argent. A la base, je tenais fort à cette image noble et saine de blog sans pub. Je ne voulais pas qu’on croie que j’écrivais par intérêt. Genre que j’avais inventé la maladie pour le fric. Ah zut non, ça c’est déjà l’idée de l’industrie pharmaceutique ! (clin d’œil d’amour aux nombreux lecteurs pharmaciens) Ma démarche de juste raconter, sans prendre le parti ni du lubrifiant ni de la naturopathie, est profondément sincère.

Je ne parlerai pas beaucoup ici du travail. Mais sachez simplement que travail et handicap, c’est la merde. Je suis grossière parce qu’il n’y a pas d’autres mots que des gros mots pour décrire la dysbiose entre travail et handicap.

Figurez-vous que je découvre en même temps que je vous écris que « dysbiose » signifie « déséquilibre du microbiote intestinal ». C’est incroyable parce que ça faisait très longtemps que je voulais commenter avec vous tout ce délire récent sur le microbiote intestinal, et je ne savais pas comment aborder la chose ! Moi, là pour ce billet, je voulais juste l’opposé de « symbiose » et je pensais que c’était « dysbiose », logique ! Ben non, il faut que les médecins détournent la langue française à leur avantage pour ne donner aux mots qu’un sens médical ! Ah ah ! Comme j’aime les médecins !

Donc petit pitch sur le « microbiote » : avant, dans les grandes conf’ entre médecins, entre pharmaciens, dans les revues scientifiques, dans les pubs, partout, on disait « flore intestinale ». On ne sait pas trop pourquoi, maintenant, le mot à la mode, c’est devenu «microbiote ».
Tant mieux pour toutes les filles qui s’appellent Flore.
Est-ce que « micro » ça donne une dimension mystérieuse genre « on ne voit pas ce qui est de taille micro » ?
Est-ce que « biote » ça ressemble à « bite » ?
Est-ce que « microbiote » possède trois syllabes voire même quatre si on pousse la versification jusqu’à la diérèse alors que « flore » n’en a qu’une, et tout le monde sait bien que les mots avec beaucoup de syllabes, ça fait savant ?
Bref. S’il vous plait les gastroentérologues, expliquez-nous ça.

Donc on disait, la dysbiose entre travail et handicap, c’est la merde. Les trucs censés vous protéger genre la RQTH, c’est la merde. Les institutions censées vous filer une petite pension pour survivre parce que c’est ça la justice dans une nation où un des fondements, c’est la solidarité, c’est la merde. Les institutions ne connaissent pas vos maladies rares. Donc vous n’êtes pas malades. Et vous êtes laissés sur le carreau.

Il y a des gens qui font des cagnottes type Leetchi « sur leur tête ». J’admire leur démarche. Ils décrivent leur galère de maladie, le prix de leurs soins non remboursés, ils mettent des photos d’eux dans des états piteux, ils disent qu’ils n’en peuvent plus, et ils obtiennent un petit pactole. Je les admire parce que c’est dur de faire cela. Parce que la société pressionne pour le travail pour tous. Y compris pour les malades. D’autant plus pour ceux dont on ne voit pas la maladie. Les invisibles. C’est bien ce mot. J’ai souvent l’impression d’être mon propre fantôme. Il y a le moi extérieur, jeune et beau, et il y a le moi intérieur, usé et moche.

Combien de fois on m’a dit : « Alors tu as trouvé un travail ? » ou « Bravo tu as un travail ! » ou encore « Mais c’est super que tu aies trouvé aussi vite ! ». Combien de fois ça m’a fait mal. Quoi en fait ? On ne se définit que par son travail ? On est quelqu’un que si on a un travail ? On ne se demande pas si ce que j’ai trouvé va me tuer ?

J’en suis venue à poser ces questions à la psychiatre du centre anti-douleur (celle dont on avait parlé là). Je lui ai demandé si, parce que je n’arrivais pas à travailler, j’étais une incapable. Elle m’a dit non. Elle m’a dit que j’avais des ressources. Que le blog c’était bien. Que je ferais peut-être d’autres choses plus tard. Qu’il me fallait des conditions adaptées à mes contraintes que je n’ai pas choisies. Je ne sais pas si toutes ces belles réponses c’était une technique de psychiatre pour me donner confiance. Puis elle m’a dit : « Ce serait bien que ce blog vous rapporte un peu d’argent, si vous y passez tant de temps ».

J’avais donc l’aval du médecin, pour mettre des pubs sur le blog. C’était prescrit.
Mon crime était prescrit.

Alors voilà, j’ai mis des pubs sur le blog.
Pour l’instant, j’ai gagné 0,75 euros hier, uniquement parce qu’il y a eu des clics sur le lubrifiant.
J’espère surtout ne rien perdre. Je parle de vous, lecteurs.

PS : pour voir comment ça fonctionne la pub sur ce blog : Google Adsense
PPS : du coup, pourquoi pas un petit clic sur une publicité après la lecture d’un billet que vous avez aimé ? Merciiiiiii 🙂

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