Au Revoir, Dame Delphine

Aujourd’hui, je suis anesthésiée par la chaleur, anesthésiée par la douleur. La première fois que j’ai cherché du réconfort du côté des blogs de patients, après avoir découvert les célèbres alors voila et Jaddo, je suis tombée sur patiente impatiente. Je me suis dit mince, le jeu de mots a déjà été pris. Et puis en lisant, j’ai compris que Delphine méritait bien plus que moi la noble qualification d’impatiente. 

J’ai continué mon petit chemin, j’ai fait mon blog à moi. On a fini par entrer en contact, « entre blogueuses ». J’me suis sentie grave stylée, de lui parler a elle, Delphine. Elle avait une théorie sur l’épuisement médical du patient / le burn-out médical / le trop plein de maladie, on l’appelle comme on veut, comme on le ressent. Elle m’avait dit : « tant qu’on a la force d’écrire, c’est que ça va ». Sur le coup j’étais pas hyper d’accord, maintenant, je comprends. 

Je cherche désespérément Delphine sur son blog, mais non.

Je m’imagine souvent comment ce sera quand untel ou unetelle va partir. À l’époque je m’étais dit, Delphine, c’est une immortelle. Ces gens qui un jour partent, mais toujours dans nos têtes restent. Des mots des revendications, si justes, si pertinents, si avant-gardistes.

J’actualise son blog en vain. Je voudrais l’entendre parler encore, dire encore tout haut ce qu’on pense tous tout bas, nous tous malades, mais qu’on n’arrive pas à formuler, comme elle, le faisait. 

Hier soir, je n’ai pensé qu’à elle. J’ai souri même. Elle détestait les encouragements par cette phrase maladroite : « allez, vous en avez vu d’autres ! ». Je me suis imaginée lui tenir la main, et lui chuchoter « allez, t’en as vu d’autres ». Juste pour rire, un peu. 

Ce samedi, cette nouvelle tombe comme une chape de plomb. Ce paradoxe de vie et de mort allegorié par la luminosité intense de ce blanc de chaud, alors qu’à l’intérieur de ceux qu’elle touchait, une pénombre glaciale de douleur. 

Merci, Delphine. 

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