Y a des pubs sur le blog

Bon. Je suis désolée. Je confesse. La société de consommation, Frédéric Beigbeder, 99 francs, l’argent qui coule à flots dans les coupes de champagnes des publicitaires, tout ça, j’aime pas. Les grosses pubs intempestives sur les sites internet pour la nouvelle Volkswagen, pour les écoles de naturopathie, pour le lubrifiant naturel, tout ça, j’aime pas. Le lubrifiant naturel, c’est si on a cherché « lubrifiant naturel » auparavant sur Google hein, y a pas de fumée sans feu !

J’ai mis des pubs sur le blog.

Pour voir si ça pouvait me rapporter un peu d’argent. A la base, je tenais fort à cette image noble et saine de blog sans pub. Je ne voulais pas qu’on croie que j’écrivais par intérêt. Genre que j’avais inventé la maladie pour le fric. Ah zut non, ça c’est déjà l’idée de l’industrie pharmaceutique ! (clin d’œil d’amour aux nombreux lecteurs pharmaciens) Ma démarche de juste raconter, sans prendre le parti ni du lubrifiant ni de la naturopathie, est profondément sincère.

Je ne parlerai pas beaucoup ici du travail. Mais sachez simplement que travail et handicap, c’est la merde. Je suis grossière parce qu’il n’y a pas d’autres mots que des gros mots pour décrire la dysbiose entre travail et handicap.

Figurez-vous que je découvre en même temps que je vous écris que « dysbiose » signifie « déséquilibre du microbiote intestinal ». C’est incroyable parce que ça faisait très longtemps que je voulais commenter avec vous tout ce délire récent sur le microbiote intestinal, et je ne savais pas comment aborder la chose ! Moi, là pour ce billet, je voulais juste l’opposé de « symbiose » et je pensais que c’était « dysbiose », logique ! Ben non, il faut que les médecins détournent la langue française à leur avantage pour ne donner aux mots qu’un sens médical ! Ah ah ! Comme j’aime les médecins !

Donc petit pitch sur le « microbiote » : avant, dans les grandes conf’ entre médecins, entre pharmaciens, dans les revues scientifiques, dans les pubs, partout, on disait « flore intestinale ». On ne sait pas trop pourquoi, maintenant, le mot à la mode, c’est devenu «microbiote ».
Tant mieux pour toutes les filles qui s’appellent Flore.
Est-ce que « micro » ça donne une dimension mystérieuse genre « on ne voit pas ce qui est de taille micro » ?
Est-ce que « biote » ça ressemble à « bite » ?
Est-ce que « microbiote » possède trois syllabes voire même quatre si on pousse la versification jusqu’à la diérèse alors que « flore » n’en a qu’une, et tout le monde sait bien que les mots avec beaucoup de syllabes, ça fait savant ?
Bref. S’il vous plait les gastroentérologues, expliquez-nous ça.

Donc on disait, la dysbiose entre travail et handicap, c’est la merde. Les trucs censés vous protéger genre la RQTH, c’est la merde. Les institutions censées vous filer une petite pension pour survivre parce que c’est ça la justice dans une nation où un des fondements, c’est la solidarité, c’est la merde. Les institutions ne connaissent pas vos maladies rares. Donc vous n’êtes pas malades. Et vous êtes laissés sur le carreau.

Il y a des gens qui font des cagnottes type Leetchi « sur leur tête ». J’admire leur démarche. Ils décrivent leur galère de maladie, le prix de leurs soins non remboursés, ils mettent des photos d’eux dans des états piteux, ils disent qu’ils n’en peuvent plus, et ils obtiennent un petit pactole. Je les admire parce que c’est dur de faire cela. Parce que la société pressionne pour le travail pour tous. Y compris pour les malades. D’autant plus pour ceux dont on ne voit pas la maladie. Les invisibles. C’est bien ce mot. J’ai souvent l’impression d’être mon propre fantôme. Il y a le moi extérieur, jeune et beau, et il y a le moi intérieur, usé et moche.

Combien de fois on m’a dit : « Alors tu as trouvé un travail ? » ou « Bravo tu as un travail ! » ou encore « Mais c’est super que tu aies trouvé aussi vite ! ». Combien de fois ça m’a fait mal. Quoi en fait ? On ne se définit que par son travail ? On est quelqu’un que si on a un travail ? On ne se demande pas si ce que j’ai trouvé va me tuer ?

J’en suis venue à poser ces questions à la psychiatre du centre anti-douleur (celle dont on avait parlé là). Je lui ai demandé si, parce que je n’arrivais pas à travailler, j’étais une incapable. Elle m’a dit non. Elle m’a dit que j’avais des ressources. Que le blog c’était bien. Que je ferais peut-être d’autres choses plus tard. Qu’il me fallait des conditions adaptées à mes contraintes que je n’ai pas choisies. Je ne sais pas si toutes ces belles réponses c’était une technique de psychiatre pour me donner confiance. Puis elle m’a dit : « Ce serait bien que ce blog vous rapporte un peu d’argent, si vous y passez tant de temps ».

J’avais donc l’aval du médecin, pour mettre des pubs sur le blog. C’était prescrit.
Mon crime était prescrit.

Alors voilà, j’ai mis des pubs sur le blog.
Pour l’instant, j’ai gagné 0,75 euros hier, uniquement parce qu’il y a eu des clics sur le lubrifiant.
J’espère surtout ne rien perdre. Je parle de vous, lecteurs.

PS : pour voir comment ça fonctionne la pub sur ce blog : Google Adsense
PPS : du coup, pourquoi pas un petit clic sur une publicité après la lecture d’un billet que vous avez aimé ? Merciiiiiii 🙂

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