Archives mensuelles : février 2020

Le grand écart

Bon. Cabinet de médecine générale. Consultation compliquée pour le MG car « relèverait de la médecine interne » mais bon les internistes sont moins dispos et accessibles.

Et là ça sonne. Vous savez le « Sonnez puis entrez » placardé sur la porte du cab’ ? Ben là ça sonne plusieurs fois sans entrer. Le MG met en pause sa consultation d’interniste pour aller voir, et j’entends un homme qui parle. Il parle ahuri, lentement, il aurait besoin d’un Docteur, il ne sait même pas ce que c’est Doctolib, le MG lui propose de patienter mais finalement il part. Et peut-être on ne saura jamais de quoi cet homme avait besoin à ce moment-là.

Ce n’est pas la première fois que je suis témoin de ce type d’événement dans le cabinet du MG. La première fois c’était un homme qui voulait que son fils soit vu dans l’immédiat sinon il frapperait le Docteur.

Ça me fait penser à cet homme sans-abri dont j’avais fait la connaissance aux urgences. Moi j’attendais le tri après un AVP (Accident de la Voie Publique) alors que lui n’attendait rien. Il avait ses habitudes dans la salle d’attente. Tout le personnel le connaissait. A un moment il est sorti « fumer une clope » un peu trop longtemps et je revois l’interne désemparé le chercher partout dans la salle d’attente et un peu dehors aussi.

Je me dis qu’il y a vraiment un grand écart entre ce à quoi les Docteurs (et moi patiente indirectement) sont confrontés dans leur « vraie vie professionnelle » et ce qu’on leur a dit quand ils étaient jeunes, dans une vie éventuellement « confortable » (la mienne aussi). Je ne suis pas médecin alors je ne vais pas dire ce qu’on dit aux jeunes médecins (même si j’ai des oreilles).

Moi j’ai été formée (merci) à la Grande Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm de Paris (à surtout ne pas confondre avec celles de Lyon ou de Cachan-Orsay « qui sont largement inférieures »). Et « nous » « on nous a appris » à MEPRISER LES MEDECINS, « parce qu’ils avaient été sélectionnés à apprendre par cœur et pas à réfléchir ». Peut-être l’équivalent de la culture carabine sauce Normale Sup’ (et ses prépas privilégiées).

Je regarde la pyramide de haut en bas, « de la Grande Ecole Supérieure jusqu’à l’Homme en passant par le Médecin », et je me dis qu’il y vraiment un grand écart.

Et on s’oublie un peu parfois. Nous juste les Hommes, les Humains quoi.

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Mais vous n’avez rien Madame !

Bon. Je reviens sur ce Grand Moment de Médecine entre l’interne et moi, au cours d’une hospitalisation longue et complexe.

C’était samedi début d’après-midi, « jour de perm(ission) » pour ceux qui s’y connaissent. En général on s’accorde sur les consignes en 2-3 minutes, le patient (moi) je fais ma pause de maladie pour le week-end, et l’interne lui ouf il a un patient en moins dans les pattes, et tout le monde est content.

Sauf que ce samedi après-midi, l’interne bourré de dévouement d’innocence de déformations et surtout affublé de gros sabots, s’est mis dans la tête de venir « parler » avec Madame X (moi).

Quelle noble intention n’est-ce pas ?

Parler. En médecine somatique !

J’ai environ l’âge des internes moi. Alors si on fait abstraction de la structure de l’hôpital, j’ai parfois l’impression d’être en train de boire un verre avec un bon pote. Surtout quand l’interne a la noble intention de parler ET porte des gros sabots.

« Oui Madame je voulais vous dire qu’il faut arrêter de réagir comme ça, vous en faites trop moi je vois les dossiers de vos voisins de couloir et c’est bien pire que vous et eux ils ne prennent pas 3 grammes par jour de Xanax comme vous il faut vraiment vous calmer et prendre les choses différemment. Vous n’avez rien Madame ! »

Devant de tels gros sabots comme ça, le patient qui est déjà à 3 grammes de Xanax jour, il reprend un comprimé avant même d’ouvrir la bouche les gars.

S’en est suivi un échange de bien 1h sur le fait que SI OUI IL ARRIVE que Monsieur/Madame X n’en peuve plus alors que les autres patients du couloir ont tranquilou-bilou 24 grammes de télé en boucle dans la tête à apprendre par cœur toutes les variétés de races de cloportes sur Terre.

Chacun son histoire.

La relavitisation de comptoir à 2 balles (le prix de la pinte) comme ça ça ne marche pas. N’importe quel bon psy confirmera.

 

 

NB : Attention l’abus de Xanax est dangereux pour la santé. Parlez avec votre médecin ++ !

NB 2 : ce sujet c’est aussi celui de La bulle de Monsieur Positron écrit du point de vue du Docteur par Baptiste Beaulieu en 2016.

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Comment appelle-t-on poliment un arrêt de commercialisation ?

Fatche de con.

J’ai vraiment envie de m’encagner.

Aujourd’hui pour moi c’est jour de deuil. Comme y a eu pour plein d’autres malades en France. Je suis en train de consommer ma dernière ampoule de Intercron. Après c’est fini, c’est l’arrêt de commercialisation. Intercron, c’était un médicament commercialisé par la société Laphal Industries, basée dans le sud de la France à Allauch, au chiffre d’affaires 2018 de 24 051 500 euros. Probablement une bande de mafalous. Des chiens des quais.

Peuchère les malades qui utilisaient ce médicament, et qui sont maintenant dans la panade. Mais dégun s’intéresse à nous.

Peu chers aussi, probablement. Peu chers financièrement, parce que la boîte de 30 ampoules était vendue autour de 15 euros, à la charge du malade, puisque les grands de ce monde avaient barjaqué que l’Intercron n’était pas assez intéressant pour être remboursé. Pourtant ce médicament, moi (et d’autres), il avait sauvé ma vie à une époque. Mais après tout, on est 7 milliards sur Terre, elle vaut combien ma vie ? Je suis peu chère, affectivement parlant. Mais à l’inverse, je suis aussi devenue très chère. Maintenant, la sécurité sociale française (merci à elle) va me payer un médicament à 1700 euros par mois. Qui peut-être remplacera le bon vieux Intercron, mais peut-être même pas. Je vous laisse constater les ordres de grandeur de différence de prix : l’Intercron qu’on enterre, 15 euros par mois. L’autre qu’on met en avant dans toutes les publications, généreusement mis au point par l’industrie pharma, 1700.

On dirait que finalement à la sécurité sociale ils ne sont plus des rascous, ou bien c’est vraiment qu’ils sont de Martigues.

Ils ont TOUS fait une belle cagade .

Quel monde de fada…

Le con de Manon. (C’est le cas de le dire).

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