Surtout, être moche

Aujourd’hui, je vais à l’hôpital pour la Grosse Maladie. Je suis KO KO KO, infectée depuis plus de 2 mois par une E. Coli qui dégage pas, malgré les antibios qui se suivent sans se ressembler, les plantes à tout va conseillées par le pharmacien, quitte à se transformer en arbre. Y a toujours ce truc en naturopathie d’en prendre des tonnes.

Bref, mon aidant m’emmène, Dieu le loue. Y a pas de taxis conventionnés, les médecins n’en prescrivent pas parce que l’Assurance Maladie (sur)veille. Mon aidant est encore au chômage, il trouve pas de taf mais en même temps il m’aide tellement parce que j’ai tellement besoin d’aide que ça nous arrange bien. En France l’Allocation de Retour à l’Emploi ça finance autant les fins de thèse de Doctorat que les aidants à plein temps (à la base c’est à la MDPH de faire ça, mais bon…..la France et la paperasse…au moins le Chômage, ça tombe efficace. On prie pour que la maladie se calme quand y aura plus le Chômage. On vit au jour le jour parce que peut-être bientôt on sera mort anyways. Un jour on reparlera de tout ça).

Mais bref, aujourd’hui donc je vais au Gros Hôpital. Du coup, une fois n’est pas coutume, faut s’habiller, si j’y vais en pyjama as usual as casual, on risque de croire que je me suis évadée de quelque part. 

Cet été, tout l’été, j’ai porté la même robe rose. Je ne travaille pas, j’ai plein d’amis mais je les vois pas souvent, je sors peu, du coup la robe rose, elle est rentabilisée, tout l’été. 

Donc pour l’hôpital, robe rose ? Oh diantre non ! La robe rose, un signe de beauté, de bonheur, de santé, d’insouciance, de plaisir ! Un malade n’est pas vraiment malade s’il est en rose. C’est tout à fait incompatible. Ainsi mon amie Louise m’avait-elle appris que dans ses cours de médecine on lui avait appris à reconnaître un patient qui est malade : il pue, il a les ongles sales, il est décoiffé, ses vêtements sont pourris. Ah oui lui, il est très malade, il a besoin de soins et d’attention. 

Je range donc ma robe rose dans le placard pour la première fois de l’été. Je coupe mes ongles à l’envers, je les gratte dans la terre. Je m’en mets un peu sur le visage, pour la forme. Ça colle un peu avec la crème de jour, c’est parfait. Je sors ma tenue noir de deuil, j’arrive plus à la fermer tellement j’ai grossi mais braguette ouverte c’est encore mieux. Ainsi, tout le monde verra que je suis bien malade, que je mérite mes grosses morphines et mes arrêts maladie, et ainsi on s’attèlera à essayer de guérir mes infections qui me mettent visiblement pour de vrai très à plat. 

PS : not all Doctors, ouf !

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