La plaquette terminée

Bon. Comme plein de monde je prends des médicaments. On peut prendre des médicaments tout le temps ou des médicaments ponctuellement. Ce billet concerne donc tout le monde. Même les gens en bonne santé qui ont eu une seule angine bactérienne dans leur vie et qui donc ont pris des antibiotiques.

J’ai remarqué un phénomène étrange. Dans un premier temps, c’est mon frère qui me charriait : « Manon tant qu’elle a pas fini sa plaquette, elle est toujours malade ». Qui aime bien charrie bien. Je trouvais ce qu’il disait complètement idiot. Je suis toujours malade dans tous les cas. J’enchaîne les plaquettes. Mais y a quand même ce truc.

A chaque fin de plaquette, quand je prends le dernier comprimé, il y a une espèce de satisfaction. Est-ce que je suis la seule à ressentir ça ? J’aime regarder la plaquette vide. La déchiqueter en tirant sur les parties qui protègent le comprimé. L’écrabouiller dans ma main pour qu’elle soit toute petite. Et j’aime la balancer la plaquette et ses épluchures dans la poubelle. Ne plus les voir. Savoir que ça va être broyé, isolé, vidé de sens, inutile.

Je crois que je jette à la poubelle une partie de la maladie. Je ne la vois plus. Je me sens bien.

J’entame une nouvelle plaquette sans aucune émotion. Juste hâte de la terminer.

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